
Alors que la Guinée a accepté 246 des 257 recommandations formulées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU), Amnesty International Guinée, par la voix de son coordinateur, Souleymane Sow, salue une avancée notable, mais insiste sur la nécessité d’une mise en œuvre concrète. Dans cet entretien accordé à Guinee7.com, il revient sur les engagements pris par les autorités, les défis persistants, notamment les restrictions des libertés, et les risques entourant les élections prévues en décembre 2025.
Le ministre de la Justice a annoncé que la Guinée a accepté 246 des 257 recommandations issues de l’EPU. Quelle est votre réaction ?
Souleymane Sow : Effectivement, la Guinée est passée devant le Conseil des droits de l’homme à l’examen périodique universel et nous, acteurs de la société civile ONG de défense des droits humains, nous saluons déjà cet engagement de la Guinée, que les autorités guinéennes aient accepté 246 recommandations et noter que 11 recommandations.
Vous savez, quand nous faisons le plaidoyer, nous cherchons toujours à obtenir 100%. Donc, pour le moment, nous nous avec déjà cette proportion de 246 recommandations acceptées par la Guinée et nous espérons vraiment que les autorités, en plus de cette acceptation, mettront tout en œuvre, surtout pour la mise en œuvre de ces recommandations. Ce qui a beaucoup évolué et changé par rapport au passé, il faut l’avouer, nous remercions le ministère de la justice et la Direction nationale des droits de l’homme qui a associé effectivement les acteurs impliqués dans ce processus, dont nous, l’Organisation de défense des droits humains.
Non seulement, ils nous avaient consultés lors de l’élaboration de leur rapport national, mais aussi pour la science de validation et l’acceptation de ces recommandations. Nous avons été conviés pendant deux jours aussi, nous avons travaillé et le gouvernement a suivi les recommandations de ce comité qui avait travaillé pour l’acceptation de ces recommandations. Donc globalement, nous sommes satisfaits que la Guinée ait accepté le maximum de recommandations, même si évidemment pour nous Amnesty, même si ce n’était pas la volonté de tous, mais en tout cas pour nous Amnesty, nous aurions souhaité que toutes les recommandations, les 257, soient acceptées par la Guinée. Mais bon, c’est un plaidoyer, nous nous demandons, nous recommandons, ça n’a pas marché pour les 100%, mais nous nous réjouissons déjà qu’il y en ait 246 acceptées par la Guinée.
Justement, avez-vous des garanties concernant l’application effective de ces recommandations ?
Effectivement, c’est le gros défi que nous avons. Déjà en 2020, à la sortie de cet examen, lors du troisième cycle, la Guinée avait accepté aussi beaucoup de recommandations, il me semble 210 recommandations, et avait noté certains, mais le bilan à terme était un peu mitigé, parce que la Guinée s’était engagée, par exemple, à ratifier plusieurs protocoles additionnels à des conventions ou traités. Malheureusement, par exemple, aucune ratification n’a été effective. Et donc, cette fois, nous espérons vraiment, nous appelons de nos vœux les autorités guinéennes, pour l’image de la Guinée, pour les populations guinéennes, de tout mettre en œuvre pour, en tout cas, que des recommandations issues de ce quatrième cycle soient véritablement mises en œuvre par les autorités guinéennes. Les partenaires que nous, nous sommes à l’État, nous sommes prêts à accompagner les autorités à tous les niveaux pour la mise en œuvre de ces recommandations, surtout pour la réalisation de ces droits, qui, évidemment, portera sur le bien-être de nos populations guinéennes.
Quel est votre constat sur l’état des droits humains en Guinée aujourd’hui ?
La question des droits humains, c’est toujours complexe. Il ne s’agit pas de répondre par un oui ou par un non, positif ou pas. Il y a énormément de manquements, il y a beaucoup de défis, mais globalement, ce que nous faisons, nous regrettons vraiment et nous appelons les autorités guinéennes, par exemple, à revenir sur cette décision d’interdire toutes les manifestations en Guinée, cette décision qui a été prise en mai 2022. Il y a cette décision de suspendre, de retirer les licences des médias, et donc la liberté de la presse de la respecter. Et il y a ces arrestations arbitraires, malheureusement, qui continuent dans le pays avec les cas de disparition forcée.
Donc ça, c’est vraiment le côté noir, on va dire, de la situation des droits de l’homme, même si nous avons salué, évidemment, les avancées, par exemple, le fait qu’il y ait eu ce procès des événements du 28 septembre avec la condamnation de ces personnes. Évidemment, aujourd’hui, nous demandons aux autorités guinéennes, surtout à M. le Président de la République, de revenir sur cette décision de gracier M. le Président Dadis, parce que le processus n’est pas allé jusqu’au bout, et surtout pour se conformer au droit international. Et donc, de ce côté, nous félicitons, nous remercions les autorités guinéennes pour avoir tenu ce procès, même s’il y a eu cette partie qui manque, évidemment, sur les questions de réparation et d’indemnisation des victimes.
Et puis, sur les libertés, l’espace civique globalement, les libertés fondamentales, évidemment, il y a de gros défis pour la Guinée, et nous espérons, avec l’adoption d’une nouvelle constitution, et surtout en prélude des élections présidentielles qui vont venir, nous espérons que les autorités guinéennes vont ouvrir cet espace civique et permettre aux citoyens de pouvoir s’exprimer librement.
La nouvelle Constitution a été adoptée. Que recommandez-vous pour sa mise en œuvre ?
Vous savez, la Guinée, nous sommes champions. Ce n’est pas les textes en tant que tels qui posent vraiment problème dans notre pays. C’est dans la mise en œuvre, le respect de ces règles. Quand vous prenez la charte de la transition qui était valable jusque-là, elle était bien. On ne se plaignait pas de cette charte. Mais c’est dans le respect de ces textes qui posent problème.
Donc nous espérons pour une fois que la Guinée, les autorités guinéennes ont proposé un texte au peuple de Guinée. Les citoyens se sont exprimés et donc, une Constitution a été adoptée. Nous espérons que les autorités, l’exécutif, mais aussi le CNT, tout le monde va s’impliquer pour le respect de ce qui est dans notre Constitution. C’est le principal texte qui va régir la Guinée. Mais c’est surtout aussi tous les autres textes qui vont venir, les lois organiques qui vont venir, qui doivent être en conformité avec cette Constitution. Donc si nous ne respectons pas cette Constitution, évidemment c’est tout le reste qui va tomber à l’eau et ça serait vraiment dommage pour notre pays. Donc nous appelons, il y a eu cette volonté de doter la Guinée d’une nouvelle Constitution. Ok, elle est là, maintenant, mettons-la en œuvre, respectons-la pour que nous puissions avancer.
Des élections sont prévues pour décembre 2025. Quel est votre point de vue sur leur organisation dans le contexte actuel ?
Écoutez, nous ce que nous continuons à demander depuis le début, c’est que le respect des principes démocratiques soit ouvert pour tout le monde et que ces élections soient inclusives le plus possible. Donc, évidemment, nous avons appelé à ce que les autorités, nous espérons, parce que ça fait partie des recommandations d’ailleurs dans l’EPU qu’il y a eu, c’est cette question d’inclusivité, et même appeler les autorités guinéennes à revenir sur cette décision, à intégrer tout le monde dans le fichier électoral, parce qu’il y a eu des personnes qui n’avaient pas pu s’inscrire dans le fichier électoral.
Je pense que ça commence par là-bas et nous espérons que les autorités guinéennes vont revenir à des meilleurs sentiments, non seulement respecter cette constitution, mais aussi respecter les engagements internationaux, notamment les recommandations de l’EPU, pour que le débat politique soit ouvert et qu’il soit véritablement inclusif pour tous les citoyens guinéens.
Craignez-vous des violations des droits humains pendant la période électorale ?
Vous savez, on peut dire qu’il y a des risques et tout, mais ce n’est pas que lié aux questions électorales. C’est pour cela que nous demandons aux autorités guinéennes d’ouvrir cet espace civique, parce qu’un parti politique qui doit faire campagne, et donc on doit l’autoriser à organiser des manifestations pacifiques, donc mener campagne. Donc ça, ça fait partie de ce que nous appelons dans notre jargon les réunions pacifiques. Donc cela doit être autorisé. Aujourd’hui, si les autorités ne lèvent pas cette interdiction, évidemment ça créera un problème.
Le fait aussi de suspendre ces médias et tout, fait qu’il faut non seulement que les Guinéennes aient le droit d’avoir accès à une information, mais aussi à une information diversifiée. Donc c’est en ce sens que nous demandons aux autorités d’ouvrir cet espace civique et permettre aux uns aux autres de pouvoir s’exprimer et de donner leur opinion librement, sans surtout qu’il y ait des craintes d’enlèvement ou d’arrestation.

















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